Comprendre le cacao
La biodiversité génétique du cacao est un trésor vivant, trop souvent méconnu. Et pourtant, derrière chaque variété de fève se cache un patrimoine sensoriel, agricole et culturel irremplaçable. Ne préserver que quelques variétés dites « performantes », c’est fragiliser tout un écosystème.

Une monoculture dangereuse
Aujourd’hui, l’essentiel du cacao mondial repose sur un nombre très restreint de clones hybrides, choisis pour leur rendement et leur résistance aux maladies. Si ces variétés permettent de produire plus, elles réduisent fortement la diversité génétique globale.
Cette standardisation génétique pose plusieurs problèmes :
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Une plus grande vulnérabilité aux nouvelles maladies et aux changements climatiques,
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Un appauvrissement du goût, avec des profils aromatiques plus uniformes,
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Une perte de résilience pour les écosystèmes et les communautés agricoles.
À long terme, la monoculture appauvrit autant la terre que le palais.
Un cacao, mille visages
Le cacao est une espèce naturellement très diversifiée, tant sur le plan botanique qu’aromatique. On distingue historiquement trois grandes familles génétiques principales (Criollo, Forastero et Trinitario) mais derrière ces catégories se cachent des dizaines de sous-variétés, souvent endémiques à un terroir précis. Certaines sont aujourd’hui extrêmement rares, voire menacées, mais présentent un potentiel organoleptique exceptionnel.
L’ICCO (International Cocoa Organization) reconnaît officiellement cette diversité à travers la notion de “cacao fin ou de saveur”, qu’elle distingue du cacao dit “ordinaire” ou “de masse”. Selon ses critères, moins de 5 % de la production mondiale peut être qualifiée de cacao fin, principalement originaire d’Amérique Latine et des Caraïbes. Ces cacaos sont prisés pour leurs profils aromatiques floraux, fruités, épicés, boisés ou végétaux, très éloignés des notes simples et amères du Forastero courant.
Grâce à des travaux de cartographie génétique menés par le CATIE (Centre Agronomique Tropical de Recherche et d’Enseignement) et d’autres institutions internationales, on estime aujourd’hui qu’il existe plus de 10 grandes populations génétiques de cacao, subdivisées en plus de 200 génotypes identifiés. Ces variétés sont conservées dans des collections vivantes comme celles du CATIE au Costa Rica, de l’ICCRI en Indonésie ou de la Cocoa Research Centre à Trinidad. Mais beaucoup restent non répertoriées sur le terrain, menacées par la déforestation ou remplacées par des hybrides à haut rendement.
Chaque sous-variété, lorsqu’elle est cultivée dans de bonnes conditions et fermentée avec soin, peut révéler une signature aromatique unique, liée à son génotype, à son terroir et à la main du planteur. Préserver cette diversité génétique, c’est non seulement conserver un patrimoine agricole et gustatif, mais aussi maintenir un potentiel d’innovation sensorielle quasi infini pour le chocolat artisanal de demain.
Face à l’homogénéisation industrielle du goût, cette biodiversité est un rempart. Elle permet de défendre des pratiques agricoles plus respectueuses des écosystèmes, des savoir-faire ancestraux, et une richesse aromatique qui redonne au chocolat sa dimension de grand cru.
Une course contre la montre
Le réchauffement climatique, la pression foncière, et la logique de rendement menacent aujourd’hui de faire disparaître certaines variétés anciennes. Des banques génétiques tentent de sauver ce patrimoine, mais leur action ne suffit pas si elle n’est pas relayée sur le terrain, par les planteurs et les fabricants engagés.
Préserver la diversité génétique du cacao, c’est préserver le vivant, l’équilibre des cultures, et la richesse des goûts de demain.
L’approche Orfève
Chez Orfève, nous travaillons avec des sourceurs qui identifient des lots issus de variétés anciennes ou peu diffusées, cultivées sur de petites parcelles par des planteurs soucieux de préserver leur terroir.
Notre approche consiste à travailler ces cacaos rares avec précision et exigence, afin de valoriser leur potentiel aromatique et leur spécificité.
Nous sommes convaincus qu’un grand chocolat commence par une fève de caractère, sélectionnée pour sa singularité, pas pour sa standardisation.