Comprendre le cacao

Qu’est-ce que les hybrides hyper productifs et pourquoi ils posent débat ?

Dans de nombreuses régions cacaoyères du monde, la baisse des rendements, les maladies des cacaoyers et les enjeux économiques ont poussé les instituts de recherche et les gouvernements à développer des variétés hybrides dites « hyper productives ». Ces cacaoyers sont le fruit de croisements entre plusieurs souches, souvent à dominance Forastero, sélectionnées pour leur robustesse, leur précocité, leur tolérance à certaines maladies, et bien sûr, leur rendement.

Ces hybrides, souvent appelés CCN-51, ICS, UF, ou MA selon les pays, peuvent produire jusqu’à deux à trois fois plus de cabosses par hectare que des variétés traditionnelles. Ils sont aujourd’hui massivement diffusés en Afrique de l’Ouest, en Amérique latine et en Asie, où ils sont perçus comme une solution rapide pour répondre à la demande mondiale.

Mais leur usage soulève plusieurs questions.

D’abord, sur le plan gustatif. Ces cacaos ont souvent un profil sensoriel jugé plus pauvre : notes acides, amères, peu de longueur, parfois même des arômes fermentaires ou terreux. Ils sont donc peu adaptés à une transformation artisanale de qualité, et sont principalement utilisés dans l’industrie agroalimentaire, où les défauts peuvent être masqués.

Ensuite, sur le plan environnemental et social. Pour exprimer leur plein potentiel, ces hybrides ont besoin de conditions optimales : intrants, irrigation, ombrage contrôlé… Leur culture intensive peut accélérer la déforestation, réduire la biodiversité, et enfermer les planteurs dans une dépendance accrue aux intrants agricoles.

Enfin, sur le plan patrimonial. L’essor des hybrides menace les variétés anciennes (Criollo, Nacional, certains Trinitario) qui, bien que moins productives, portent une richesse génétique et aromatique irremplaçable. Leur disparition progressive compromettrait non seulement la diversité du goût, mais aussi la résilience future du cacao face aux changements climatiques.

L’approche Orfève

Chez Orfève, nous avons choisi une autre voie : celle de la qualité avant le rendement. Nous travaillons avec des sourceurs qui privilégient des variétés anciennes ou locales, bien adaptées à leur terroir, et cultivées de manière durable. Pour nous, la richesse aromatique d’un cacao mérite mieux que l’uniformisation. Elle mérite du soin, du temps, et une rémunération juste pour celles et ceux qui la rendent possible.