La fève et son écosystème
Lorsqu’on récolte le cacao, ce ne sont pas les cabosses entières qui voyagent jusqu’au chocolatier. Seules les fèves, extraites de l’intérieur du fruit, sont collectées, fermentées puis séchées. L’enveloppe extérieure, elle, reste sur place.
Et ce n’est pas un oubli, c’est un choix raisonné, ancré dans les pratiques agricoles durables.

Un fruit volumineux, une ressource locale
La cabosse de cacao est un fruit imposant, épais, et dense. Elle peut peser entre 300 grammes et plus d’un kilo, mais seules les 30 à 50 fèves qu’elle contient intéressent le fabricant de chocolat.
D’une part, transporter ces coques jusqu’aux centres de transformation représenterait une charge logistique inutile, énergivore et coûteuse. Surtout quand on sait qu’elles ont déjà une utilité précieuse, directement dans la plantation.
D’autre part, parce qu’une fois coupée de l’arbre, elle commence très vite à se décomposer. La durée de vie d’une cabosse est limitée à quelques jours à température tropicale : au-delà, elle pourrit, fermente, attire des insectes… et devient inutilisable.
Un recyclage naturel, au service du sol
Sur le terrain, les cabosses sont le plus souvent laissées au pied des cacaoyers. Elles se décomposent naturellement, en quelques semaines, sous l’action de la chaleur, de l’humidité et des micro-organismes présents dans le sol tropical.
Cette décomposition lente permet :
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de restituer au sol les nutriments puisés par l’arbre,
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de maintenir une couverture organique protectrice
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de réduire l’érosion et le lessivage des sols.
Certaines plantations les utilisent aussi comme paillage, pour protéger les racines des jeunes plants de la chaleur directe et limiter l’évaporation de l’eau.
Parfois, les cabosses sont même entassées en tas pour accélérer leur décomposition. Elles forment alors un compost naturel qui améliore la structure du sol, nourrit les cacaoyers, et soutient un écosystème plus vivant.
Dans les approches agroécologiques, cette matière organique locale est précieuse : elle remplace partiellement les engrais externes et limite la dépendance à des intrants coûteux.
Une valorisation immédiate, sans transformation
Loin d’être des déchets, les cabosses jouent ainsi un rôle de compost in situ. Pas besoin d’usine ou de technologie: c’est la nature elle-même qui s’occupe de les réintégrer au cycle du vivant.
Cette valorisation simple, directe et locale permet de nourrir le sol là où le cacao a poussé, sans générer d’émissions supplémentaires ni nécessiter de traitement particulier.