Un peu dâhistoire
Pendant longtemps, le chocolat a Ă©tĂ© fabriquĂ© lĂ oĂč il Ă©tait vendu. Chaque ville ou rĂ©gion comptait son propre chocolatier, souvent aussi transformateur, câest-Ă -dire capable de fabriquer lui-mĂȘme son chocolat Ă partir de fĂšves brutes.
Mais cette figure a quasiment disparu. PourquoiâŻ? Parce quâen quelques dĂ©cennies, le monde du chocolat a Ă©tĂ© bouleversĂ© par lâindustrialisation alimentaire, qui a rĂ©duit la diversitĂ© des savoir-faire⊠au profit de la concentration et de la standardisation.

De la fabrique Ă lâusine : un changement dâĂ©chelle
Au XIXe siĂšcle, la Suisse, la France, lâItalie ou la Belgique comptaient des dizaines de fabriques locales, qui maĂźtrisaient toute la chaĂźneâŻ: torrĂ©faction, broyage, conchage, moulage.
Mais à partir du XXe siÚcle, la fabrication du chocolat est devenue un maillon industriel déconnecté de la vente. De grandes entreprises se sont spécialisées dans la production de couverture, un chocolat préfabriqué vendu en blocs aux pùtissiers et chocolatiers.
Le mĂ©tier de chocolatier sâest alors divisĂ© :
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dâun cĂŽtĂ©, les transformateurs, rares, qui partent de la fĂšve (bean-to-bar),
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de lâautre, les fondeurs, qui achĂštent du chocolat prĂȘt Ă lâemploi, le fondent, le parfument, le moulent.
Ce glissement a entraĂźnĂ© une perte massive de compĂ©tence : peu Ă peu, les artisans ont cessĂ© de torrĂ©fier, de concher, dâinnover sur la matiĂšre.
Le chocolat est devenu une matiĂšre premiĂšre prĂȘte Ă lâemploi, plutĂŽt quâun produit Ă crĂ©er.
Une filiÚre mondialisée, concentrée, opaque
Aujourdâhui, la fabrication du chocolat est dominĂ©e par un petit nombre de gĂ©ants mondiaux. Quelques groupes (Barry Callebaut, Cargill, Olam, etc.) fournissent la quasi-totalitĂ© du chocolat utilisĂ© dans lâindustrie, la grande distribution et mĂȘme chez une grande partie des chocolatiers dits «âŻartisansâŻÂ».
Cette concentration a entraßné :
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une standardisation du goût,
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une perte de traçabilité (origine floue, assemblages de fÚves),
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et une invisibilisation des étapes-clés (fermentation, torréfaction, conchage).
Le chocolat est devenu un ingrédient technique, calibré pour sa fluidité, sa viscosité ou sa couleur⊠mais vidé de sa singularité.
Le retour des fabricants indépendants
Depuis une quinzaine dâannĂ©es, un mouvement inverse Ă©mergeâŻ: celui du bean-to-bar.
Des artisans indĂ©pendants, aux Ătats-Unis, en Europe, en Asie, dĂ©cident de reprendre la main sur toute la chaĂźne, de la fĂšve Ă la tablette.
Leur approche repose sur :
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la sĂ©lection directe de fĂšves dâorigine,
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la transformation intégrale dans un atelier dédié,
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la recherche de profils aromatiques authentiques, non masqués par des arÎmes.
Ce retour au chocolat «âŻfabriquĂ©âŻÂ», et non seulement fondu, redonne sens au mot chocolatier, au sens premier du terme.
Lâapproche OrfĂšve
Chez OrfĂšve, nous avons fait le choix exigeant de tout transformer nous-mĂȘmes, dans notre manufacture genevoise.
Nous recevons des fÚves brutes, que nous trions, torréfions, broyons, conchons, moulons⊠sans intermédiaire.
Ce nâest pas un retour en arriĂšre, câest une rĂ©appropriation : celle du goĂ»t, du geste, de la traçabilitĂ©.
Face Ă lâuniformisation, nous croyons en la diversitĂ©.
Face à la dilution, nous défendons une filiÚre courte, lisible, engagée.
Et face Ă la disparition des fabricants, nous affirmons : oui, on peut encore faire du vrai chocolat.